Si vous cherchez à comprendre comment l’observation du bébé, attachement-informée, transforme la clinique, vous êtes au bon endroit. De l’ADBB (retrait relationnel) au CARE-Index (synchronie parent-bébé), en passant par la SSP et le PAA (stratégies d’attachement précoces), je raconte ici un itinéraire professionnel où chaque outil validé a rééduqué mon regard et redéfini mes décisions thérapeutiques. Il existe plusieurs façons de parler de l’observation du bébé en lien avec la théorie de l’attachement. Je pourrais vous parler des outils — ceux qui sont validés, ceux qui ne le sont pas. Je pourrais évoquer leur utilité clinique, ce qu’ils permettent de repérer dans la souffrance du bébé ou leur rôle dans l’aide à la décision. Je pourrais aussi faire état des recherches disponibles, ou encore détailler ce que l’on peut observer chez le bébé — à chaque âge de son développement — qui soit pertinent du point de vue de l’attachement.
Si ces thèmes vous intéressent, n’hésitez pas à me le dire, par mail ou en commentaire : je serais ravie d’y revenir, d’y consacrer un article de blog — ou plusieurs.
Mais, ce que j’ai choisi de partager aujourd’hui, sur le thème de l’attachement et de l’observation du bébé, c’est quelque chose dont on parle beaucoup moins. Pour ne pas dire pas du tout. C’est un savoir que l’on ne trouve pas aisément dans les livres, ni même dans les formations classiques — ou alors de façon implicite.
Ce dont je veux parler, c’est du pouvoir incroyablement transformant de l’observation clinique de l’attachement chez le bébé.
De ce que cela fait en nous, praticiens, quand on accepte de s’arrêter, de prendre le temps, de s’immerger dans ces formations exigeantes — et d’apprendre à décoder ce langage tout à fait particulier que sont les comportements d’attachement du bébé et du jeune enfant.
Comme il n’existe pas de raccourci, pas de résumé, le seul moyen que j’ai de vous transmettre un peu de cette transformation du regard, c’est de vous parler de ma propre expérience.
De ce que j’ai vu. De ce que j’ai compris. De ce que cela a profondément changé — en moi, et dans ma pratique clinique.
L’ADBB : ma première rencontre avec le retrait relationnel
Ma toute première formation à l’observation du bébé, ça a été la formation à l’échelle ADBB.
L’échelle ADBB — pour Alarm Distress Baby Scale — est un outil clinique d’observation et d’évaluation du comportement de retrait relationnel chez le nourrisson.
Ce retrait est une forme de défense, comme les comportements d’attachement (comme la protestation), mais il est beaucoup moins connu, car il ne fait pas de bruit.
Un bébé en retrait chronique va mal, mais ne dérange pas. Il devient silencieux, effacé, absent. Il ne pleure d’ailleurs généralement à peine.
À l’époque, j’étais en master de psychologie et je devais monter mon protocole de recherche pour le mémoire. Je faisais mon stage en pouponnière.
Bien sûr, j’avais déjà observé des bébés, mais sans guide, sans cadre d’analyse, sans méthode pour organiser ce que je voyais. Sans cadre, on voit tout et rien en même temps. On projette des interprétations, dans l’espoir de mettre du sens, sans trop savoir ce que l’on fait — avec une formation universitaire assez théorique, rarement illustrée par des exemples cliniques vivants.
Je voulais évaluer l’effet des visites parentales chez des bébés placés en pouponnière. Il me fallait un outil validé, simple à mettre en œuvre, peu coûteux, avec une formation accessible.
À ce moment-là, la seule méthode d’observation du bébé que je connaissais était celle d’Esther Bick, d’obédience psychanalytique. Mais, je n’étais pas analyste (je ne le suis toujours pas), et je n’avais pas deux ans devant moi pour apprendre.
C’est en suivant le DU d’attachement, sous la direction d’Antoine Guedeney, que j’ai entendu parler de l’échelle ADBB.
Armée de mon courage, la voix hésitante, je me suis approchée de lui à la fin d’un cours pour lui demander comment me former. Si jamais il lit ces lignes, peut-être qu’il sourira en se souvenant de ce moment — s’il s’en souvient.
Je lui ai exposé mon projet de recherche. Plus tard, j’apprendrai qu’il n’y croyait pas trop… et que j’ai gagné son respect en réussissant à mettre en évidence l’impact du contact parental chez les bébés placés.
Toujours est-il qu’il m’a tendu une clé USB, m’a expliqué qu’il y avait dessus des vidéos, des documents, et le manuel de cotation de l’échelle.
La méthode de formation était rudimentaire pour l’ingénieur pédagogiques que je suis aujourd’hui : regarder, regarder encore, coder et coder encore et quelques appels téléphoniques avec lui au cours des semaines pour confronter mes cotations et mes reflexions. A l’époque, pas de certification, c’est la pratique qui a fait le savoir.
Ma première claque clinique
Je me souviens très bien : j’étais seule, dans mon tout premier bureau de psychologue. Déterminée à rendre compte de l’expérience des bébés de pouponnière, je regardais des vidéos pour coder l’ADBB. Et là, j’ai découvert le retrait relationnel.
Cette souffrance silencieuse, ces bébés qui s’échappent du présent parce qu’ils ne disposent pas d’autre solution.
J’ai pris une claque.
Un choc tel qu’il m’a obligée à repenser toute ma conception de la souffrance des tout-petits.
C’est à ce moment-là que s’est ancrée en moi une éthique viscérale de la protection de l’enfant.
C’est ma première transformation clinique.
Ma première mutation intérieure.
C’est grâce aux bébés eux-mêmes — ceux que j’ai appris à observer à travers l’ADBB — que j’ai compris.
Compris ce qu’ils tentaient de dire sans un mot.
Compris ce que la psychologie universitaire ne m’avait jamais appris : que certains bébés ne pleurent pas, pas parce qu’ils vont bien, qu’ils sont “autonomes”, indépendants, mais parce qu’ils ont déjà renoncé et se sont réfugiés à l’intérieur d’eux-mêmes dans une position économique d’attente.
Que savoir voir ce retrait, c’est leur donner une voix.
Depuis, je n’ai jamais cessé d’évaluer le retrait relationnel.
Parce que désormais, je sais le voir.
L’autre apprentissage de l’ADBB : comprendre qu’apprendre à observer ne s’enseigne pas comme un savoir ordinaire
C’est un point de pédagogie que je souligne ici, et qui a été au cœur de mon mémoire d’ingénierie pédagogique. Car depuis ma formation à l’ADBB, l’observation du bébé est devenue, je crois, une passion, peut-être même une obsession pour moi.
J’ai suivi de nombreuses autres formations.
J’ai passé des centaines d’heures à observer les bébés en interaction, à apprendre, à pratiquer, à recommencer — pour affiner mon regard et mes conclusions cliniques. Malgré cela, je ne suis encore pas à la hauteur de mes mentors.
Ce que j’ai compris dans ce parcours, c’est qu’il n’existe aucun raccourci. Il faut traverser l’apprentissage, le vivre.
Je le dis souvent aux personnes qui viennent en formation :
“C’est un voyage.”
Un grand huit de frustration, d’émotion, de découvertes, de fulgurances.
Une courbe en U : d’abord, on croit être compétent alors qu’on ne l’est pas,
puis, on est désorganisé, on doute, on se sent perdu, on cherche.
Progressivement, le savoir se réorganise, et avec lui naît un doute salutaire — celui qui permet de s’appuyer enfin sur une méthode pour construire son jugement clinique.
Il n’y a pas de guide pratique pour aller plus vite.
Pas de critères binaires à appliquer.
Pas de cases à cocher qui donneraient “la bonne réponse”.
Il ne suffit pas d’être un bon élève et d’apprendre par cœur.
Parce qu’en réalité, il ne s’agit pas d’acquérir un savoir : il faut changer le regard.
Il n’y a donc pas d’alternative :
Il faut regarder. Encore et encore.
Parler de ce qu’on a vu. Puis reparler.
Et, regarder à nouveau.
Jusqu’à ce que le cerveau commence à organiser l’information pertinente dans le flot de ce qu’il perçoit, à reconnaître des patterns, à les relier à un code sémantique partagé.
L’observation clinique du bébé, c’est une forme d’art. Un artisanat du regard.
Et, comme tout geste fin, il ne vient qu’avec la pratique, la répétition, la patience.
C’est aussi pour cela que, selon moi, il ne peut pas y avoir de formation brève, de quelques heures, à l’observation du bébé, du jeune enfant, ou de l’attachement.
Car cela ne produit qu’une compétence de surface, fragile dans le meilleur des cas — inutile, souvent, parce qu’incomplète.
Le CARE-Index : le deuxième effet Kiss Cool
Deux ans après ma formation ADBB, je suis en thèse. Toujours sur le thème des visites parentales chez les bébés placés. Mon protocole est prometteur, mais je sens que j’ai besoin d’aller plus loin, de mieux comprendre ce qui se joue dans la relation.
Antoine Guedeney, qui m’a incitée à faire cette thèse, m’encourage à affiner mes outils d’observation. Il me faut autre chose que l’ADBB, un outil complémentaire. Un outil qui me permette de voir ce qui se passe dans l’interaction entre le parent et le bébé. Ce qui construit — ou désorganise — le lien.
Parce que ce qu’on observe dans les évaluations d’attachement, ce sont les résultats d’une histoire.
Mais, ce que je cherche à observer, c’est le tissage même de cette histoire. Le processus relationnel. L’étape d’avant en quelque sorte.
Une nouvelle langue clinique : Le CARE-Index
Le CARE-Index (©Crittenden) est une échelle d’observation des interactions parent-bébé de la naissance à 15 mois, qui permet d’évaluer la synchronie dyadique (le précurseur de l’attachement), le pattern interactionnel (le précurseur de la stratégie d’attachement) et le risque de maltraitance/négligence.
Mon expérience de la formation au CARE-Index est radicalement différente de celle de l’ADBB.
L’ADBB, je l’ai découverte en français, dans ma langue, au contact direct du concepteur. C’était un outil pensé dans ma culture clinique, avec une grille qui me parlait. Le CARE-Index, c’est tout autre chose.
Me voilà à Brighton, dans un petit bureau, avec 18 autres personnes et une formatrice aux cheveux roses — Rebecca — qui deviendra mon amie.
La formation dure trois fois trois jours. On regarde des vidéos en anglais, dans le noir, huit heures par jour. On a des devoirs entre les sessions. Et, nous sommes testés sur notre fiabilité à la fin.
Je suis seule, en immersion, confrontée à une autre culture, une autre langue, et surtout une autre façon de penser l’observation.
Le grand effondrement (et c’est une bonne nouvelle)
Le premier jour, on nous demande d’évaluer trois vidéos.
J’étais déjà compétente à l’ ADBB, donc je me dis : * »Ça va aller. Je regarde s’il y a du retrait, je mesure la synchronie, et j’aurai une idée du niveau de sécurité. »*Quelle erreur !
La première chose que vous apprend dans cette formation, c’est que vous ne savez rien. On recommence à zéro. On fait table rase. On regarde sans interpréter. On accepte d’être déstabilisé, frustré, perdu. Et, on comprend que l’erreur est la source de l’apprentissage.
Puis, lentement, à travers les dizaines de vidéos analysées, commentées, partagées, on commence à intégrer ce qui ne s’enseigne en fait pas autrement, à savoir : comment l’attachement se construit en direct, micro-moment après micro-moment.
Comment le lien s’organise, sur quelle modalité ? Comment il se régule, se dérègle, se répare, ou échoue à se réparer et ce que cela fait porter au bébé en matière d’adaptation, d’anxiété et d’effort relationnel.
Une autre manière de voir… et d’être
Cette formation, je l’ai faite six fois depuis. Je suis aujourd’hui formatrice à mon tour. Je peux dire qu’elle a transformé à jamais ma manière d’observer. Grâce au CARE-Index, je vois ce que je ne voyais pas.
Je peux organiser les indices cliniques dans des patterns, me faire une idée plus fine de ce que la dyade est en train de construire comme relation, et de ce que cela implique comme manière d’être ensemble, comme confort — ou inconfort — à être en lien.
Mais, le plus fort, c’est que ce savoir ne s’arrête pas à la dyade parent-enfant
Un outil qui traverse les frontières
Aujourd’hui, je vois les processus dyadiques dans mes consultations.
Je les repère dans la relation thérapeutique elle-même, dans le transfert, dans la synchronie, dans les ratés.
Je peux faire des hypothèses, ajuster, nommer, réguler, rendre visible ce qui ne se dit pas, mais se vit. Et, cela m’a aussi transformée comme mère.
La part inconfortable, mais fondatrice
Après la formation, je me suis retrouvée avec en moi des représentations très claires de « mamans insensibles », et de « mamans sensibles ». Et, c’est inconfortable parce que l’on s’aperçoit que l’on n’a peut-être pas été aussi sensible qu’on l’aurait voulu, parce que l’on se reconnait dans certaines dyades. ça m’a changé dans ma relation avec mon fils, dans ma relation avec moi-même et dans l’empathie que j’ai développé pour les parents, une empathie empreinte d’humilité, car ma foi, je ne suis pas certaine d’avoir fait mieux que les parents que j’accompagne.
Avoir acquis en moi, avec la formation, une image de ce que c’est, une mère sensible, la synchronie dyadique, les réparations après les ruptures m’a permis de m’auto-corriger.
J’ai appris à ajuster mes réponses relationnelles aux signaux de l’autre, plutôt que de réagir à partir de ce qui se passe dans ma tête.
C’est une transformation profonde. Une transformation qu’aucune autre formation universitaire, clinique ou thérapeutique ne m’avait jamais offerte.
Alors pour qui est cette formation ?
Quand on me demande : « Mais c’est pour qui, le CARE-Index ? », je réponds sans hésiter :
Pour tout professionnel de la relation. Même si vous ne travaillez jamais avec des bébés.
Parce que cette formation vous fait voir ce que vous portez en vous de relationnel, ce que vous avez appris tout petit, sans pouvoir le nommer, mais qui continue d’organiser vos liens.
Elle vous apprend à lire la relation. À comprendre le lien dans son origine.
Savoir observer cela, c’est acquérir un regard clinique, fin — sur le sujet, son histoire, son fonctionnement. C’est surtout entrainer sa sensibilité au sens attachementiste du terme.
SSP et PAA : la troisième vague
Après toutes ces formations, et d’autres encore (notamment sur la désorganisation de l’attachement), on pourrait croire que j’étais à l’abri d’un nouveau choc transformateur.
Mais, c’était sans compter sur la formation à la SSP (Strange Situation Procedure) et au PAA (Preschool Assessment of Attachment).
Deux outils d’observation de l’attachement dans la petite enfance et l’âge préscolaire.
Deux nouvelles traversées.
Petit point de repère : la SSP et le PAA, c’est quoi ?
La SSP (Strange Situation Procedure) est une méthode d’évaluation de l’attachement chez les enfants de 12 à 20 mois, développée par Mary Ainsworth. Elle repose sur une série de séparations et de retrouvailles avec la figure d’attachement dans un contexte semi-structuré, et permet d’observer comment le bébé utilise (ou non) son parent comme base de sécurité.
Le PAA (Preschool Assessment of Attachment), conçu par Patricia Crittenden, est une adaptation de cette méthode pour les enfants de 2 à 5 ans. Elle s’appuie sur le protocole de la Situation Etrange mais le codage est adapté aux changements développementaux chez l’enfant, notamment parce que la stratégie d’attachement est désormais entièrement fonctionnelle.
Dans les deux cas, il ne s’agit pas de « diagnostiquer » un style d’attachement, mais de comprendre ce que l’enfant construit /a construit pour maintenir la proximité / la disponibilité des figures d’attachement dans son contexte de développement. Cela suppose une posture d’observation très fine, très engagée, et très incarnée.
Recommencer à regarder. Encore. Encore.
Le processus pédagogique est semblable à celui des autres formations d’observation : regarder. Regarder encore. Classer. Se tromper. Se tromper encore.Recommencer. Jusqu’à ce que le cerveau commence à organiser l’information, malgré la frustration, malgré l’envie de « savoir ».
Et, comme à chaque fois, au-delà de la compétence, il y a transformation. Transformation de regard, transformation de posture, transformation d’empathie. On ne voit plus jamais le sujet de la même manière.
SSP : plus supportable, car plus éloignée de soi
La formation à la SSP m’a paru plus facile à vivre émotionnellement.
Je crois que c’est lié au fait qu’à cet âge – autour de 12 à 18 mois – nous n’avons pas de mémoire autobiographique consciente.
Ce que nous avons, ce sont des empreintes somatiques, relationnelles, émotionnelles. Des traces sans mots. Des sensations sans récit.
Alors même si, à l’intérieur, quelque chose se reactive, même si on sent que ça résonne, on peut encore se défendre, nier que cela nous remue.
On peut encore rationaliser, observer avec un peu de distance.
On peut se dire que c’est « intéressant », « touchant », sans que ça active trop profondément.
Parce que l’accès au soi de cette époque-là est flou, indistinct, préverbal.
Il n’en reste pas moins que beaucoup d’apprenants de la formation, dont moi, recourions, pas tout à faire consciemment, à des stratégies de réconfort primitives.
Il y avait par exemple sur la table au centre, tout un tas de biscuits, chocolats, bonbons que chacun amenait et partageait. Le sucre avait pour fonction de nous aider à nous réguler de l’agitation interne générée par l’observation de l’attachement des tout petits.
Le PAA, lui, a été sans pitié.
PAA : là où ça percute
Le PAA, en revanche, m’a secouée profondément. Pas à cause des enfants à l’écran, encore que certains sont gravés dans ma tête et dans mon cœur. Mais parce que j’ai pris de plein fouet la conscience de ma propre stratégie d’attachement.
Deux choses ont convergé :
- Certaines mères filmées ressemblaient à la mienne. Les mots, les gestes, la voix. J’en avais un souvenir explicite. Je me voyais dans les enfants que j’observais et mon corps réagissait.
- Et pour ces enfants-là, je me trompais toujours dans la classification. Je les classais « sécures », alors qu’ils ne l’étaient pas.
Pourquoi ?
Parce que c’était ma propre stratégie. Celle qui m’avait protégée enfant. Et, que je reconnaissais comme familière, donc « normale », donc « sécure ».
C’est là qu’on comprend qu’on est irrévocablement biaisé, même, et peut-être surtout nous, les professionnels, et qu’il est impossible, sans formation, de savoir reconnaître correctement les stratégies d’attachement.
Se transformer pour de bon
À la sortie de ces formations, on ne peut pas ne pas se transformer. Et pour ma part, cette transformation a été double.
1. Mon regard clinique
Depuis, je ne vois plus les comportements difficiles de la même manière. Je ne peux plus poser un « diagnostic de trouble du comportement » comme avant. Parce que je vois l’attachement derrière.
Je cherche : pourquoi ce comportement ? Comment s’est-il construit ? Quelle histoire invisible le soutient ? Quelle fonction d’adaptation ? Et, ça change tout.
La façon dont je mène mes entretiens. La manière dont je parle aux enfants, aux parents. Les choix d’intervention que je propose.
2. Moi, comme sujet
J’ai changé. Profondément.
J’ai compris plus de choses sur mon propre fonctionnement, sur ma stratégie, sur mon histoire, que dans n’importe quelle thérapie.
J’ai mis des mots, non pas sur des souvenirs, mais sur des logiques relationnelles qui m’habitaient sans que je les voie.
J’ai appris à prendre soin de moi autrement.
J’ai développé une nouvelle empathie, profonde, à la fois pour les bébés, les enfants, mais surtout pour leur parent, ce qui n’était peut-être pas tout à faire le cas avant, surtout lorsque l’on travaille en protection de l’enfance ou parfois… c’est difficile l’empathie.
Ce que ces formations m’ont transmis
Ces formations m’ont appris ce qu’est la sensibilité relationnelle. Pas celle qu’on enseigne en théorie. Pas celle que l’on prétend avoir. Mais, celle que l’on incarne dans la relation à l’autre et à soi.
C’est un savoir dont j’ignorais que j’avais absolument besoin pour exercer mon métier.
Un savoir que ni l’université, ni la thérapie, ni les formations « à l’attachement », avaient su me transmettre. L’observation du bébé, attachement-informée, l’a fait. Bon, ça et les supervisions 🙂
Aujourd’hui, je forme à mon tour, à l’ADBB, au CARE-index.
Je vois la même bascule chez les autres. Je les vois faire ce voyage et le continuer ensuite avec moi dans la communauté de co-developpement pour certains. J’observe ce processus. Ce bouleversement. Cette mutation du regard.
Ces formations à l’observation du bébé et du jeune enfant, quand elles sont suivies avec sincérité et engagement, ne transforment pas que les compétences. Elles transforment les cliniciens eux-mêmes. Il y a un avant et un après. Et, ce basculement change la façon d’exercer nos métiers. Alors même si ce sont de longues formations, relativement chères, qui demandent un engagement, ce sont aussi, selon moi, des formations absolument nécessaires pour tout cliniciens qui voudrait travailler avec la théorie de l’attachement concrètement.
Conclusion : apprendre à observer le bébé, à voir l’attachement, c’est se transformer
Observer les bébés du point de vue de l’attachement, c’est aussi acquérir une compétence clinique. C’est accepter d’être transformé.
C’est apprendre à voir ce qui ne fait pas de bruit.
C’est apprendre à reconnaître, dans les gestes minuscules, le langage du lien.
C’est apprendre à se décoller de ses croyances, de ses automatismes, parfois de ses certitudes professionnelles.
C’est, souvent, accepter de rencontrer une part de soi, plus ancienne, plus vulnérable, que les autres formations n’avaient jamais convoquée.
Texte publié le 29 juin 2025 dans le cadre du projet A-T-L-A-S : un blog clinique pour explorer les liens qui façonnent l’humain.*
— Alexandra Deprez
Merci pour votre lecture
Merci d’avoir pris le temps de lire cet article.
Pour aller plus loin avec moi
Si vous êtes professionnel de la santé, de la petite enfance ou du travail social, et que vous sentez l’élan de développer un regard clinique attachement informé à travers l’observation du bébé, vous pouvez :
📚 Explorer les formations que je propose (CARE-Index, ADBB, DMM, et plus) :
🧩 Me faire part d’un thème que vous aimeriez que je développe en article :
→ je lis chaque message, et vos besoins orientent mes prochaines publications.
Soutenir mon travail
Ce blog est indépendant, sans publicité, et il me demande beaucoup d’énergie pour vous offrir des contenus rigoureux, sensibles et utiles.
👉 Si vous souhaitez soutenir mon travail, vous pouvez m’offrir un café virtuel via Buy Me a Coffee :
Soutenir le blog : [Lire pourquoi et comment ici]
Recevoir la newsletter
Je partage régulièrement des contenus inédits sur l’attachement, la parentalité, les dérives du développement personnel, ou encore le lien entre IA et humanité.
👉 Pour recevoir ces articles directement dans votre boîte mail, inscrivez vous ci dessous.
Se former à la théorie de l’attachement
Vous êtes professionnel·le de la santé, du social ou de l’éducation ?
J’ai conçu une formation complète à la théorie de l’attachement, 100 % en ligne et interactive.
Copyright © 2025 Alexandra Déprez-
Tous droits réservés. Aucune partie de ce site web, à l’exception des brèves critiques et des liens vivants vers ce site web, ne peut être copiée ou utilisée sous quelque forme ou de quelque manière que ce soit. Toute utilisation doit faire apparaître de façon claire et évidente l’attribution à Alexandra Deprez à l’adresse alexandradeprez.fr
Commentaires récents